Elle avait pourtant tout prévu : elle s’était procuré des vêtements d’hommes de classe moyenne afin de se fondre dans la masse, monter dans le train avec les quelques sous qu’elle avait pu trouver dans les tiroirs du petit salon avant de descendre à King’s Cross. Elle serait allée à East End afin de récupérer quelques affaires et prendre le premier bateau pour Paris où elle se serait faite oubliée jusqu’à la mort de la monarchie.
Mais quand elle a voulu poser le pied sur la marche qui la ferait se rendre vers sa liberté, son visage apparut soudainement à son esprit et elle se retrouva immobile. La jeune fille avait fait un pas de recul avant de regarder le train et s’était tenue la tête, essayant de chasser son sourire, ses baisers, ses caresses et même ses idéaux de son esprit.
« Assez, assez ! »
Voilà ce qu’elle avait crié avant de se laisser tomber sur un banc et fermer les yeux en tentant de se calmer mais tout ce qu’elle voyait c’était lui, encore lui. Pourquoi la hantait – il alors qu’il avait été aussi indifférent avec elle ? Il avait beau avoir des réactions incompréhensibles, lui avoir volé sa vertu, se montrer jaloux pour ensuite l’ignorer sans une once de remords… La jeune fille ne comprenait pas pourquoi rien que la pensée de s’éloigner de lui la rendait fébrile.
Plusieurs mois s’étaient écoulés depuis qu’il l’avait retrouvée et elle se demandait si indirectement il ne l’avait pas libéré pour mieux enchaînée son esprit à lui. Il lui semblait désormais que vivre loin de lui était comme mordre la main de celui qui lui avait tout donné. Un acte de haute trahison qui mériterait l’euthanasie sans préavis.
Lui pardonnerait – il d’être partie ainsi ?
Tandis que la jeune fille était tiraillée par ses pensées, une voix retentit dans le silence et ce fut comme la lumière au bout du tunnel. Elle avait levé la tête lentement et avait croisé ses pupilles pourpres, emplis de surprises et d’incompréhension.
Elle était restée immobile, se demandant s’il s’agissait d’un énième mirage mais avant qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit, il s’était jeté sur elle et l’avait couvert de baisers.
Les lèvres brûlantes du jeune homme s’emparaient des siennes sans même lui laisser le temps de parler ou même de respirer, ses mains fortes se serrant tantôt autour de son cou tantôt autour de sa taille, comme s’il cherchait à se convaincre également qu’elle n’était pas une illusion.
Et quand enfin il finit par lui laisser un brin de répit, il prononça ces quelques mots qui changeraient leurs vies à jamais :
« Sois mienne. »
Shae se mordit la lèvre inférieure, essayant de reprendre son souffle du mieux qu’elle put ainsi que de remettre un peu d’ordre dans ses idées.
Elle eut un léger mouvement de recul avant de passer une main dans ses cheveux humides, les arrangeant pour laisser à William tout le loisir de voir son visage et les expressions confuses qui s’y défilaient.
Le jeune homme avait esquissé un sourire avant de se rapprocher un peu, sa main gauche venant se poser sur sa joue avant de soulever légèrement son visage pour qu’elle ne détourne pas les yeux et il répéta :
« Shae, sois mienne. »
Les joues de la jeune fille passèrent du rosé au rouge pivoine avant qu’elle ne secoue virulemment la tête et dise en reculant de nouveau :
« Et à combien de filles avant moi as – tu dis « Sois mienne ».
– Toi seule, dit calmement William en faisant de nouveau un pas vers elle.
– Et comment puis – je être sure de ce que tu avances ? demanda Shae en portant une main à sa poitrine dont le cœur semblait vouloir s’échapper. Comment te dire oui, si demain est un matin où tu te seras lassée de moi ? Un matin où je serais seule face à la société et le manque de compassion pour une femme dont la vertu n’est plus ? Un matin où tu n’es plus ?
– Épouses – moi, Shae, dit le jeune homme en venant embrasser la main délicate de la jeune fille sans la quitter des yeux. »
Shae écarquilla les yeux tandis que William fit les derniers pas qui le séparait d’elle, ne détournant pas son regard du sien.
« Quoi ?
– Épouses – moi, répéta – t – il sans l’ombre d’une hésitation. »
La jeune fille semblait exploser de l’intérieur, ses jambes se dérobant brutalement sous son poids car elle finit à genoux face à lui tandis que les larmes se mirent à ruisseler sur ses joues.
La confusion semblait insupportable pour elle, elle n’avait pas l’habitude de gérer ce genre de chose, à vrai dire, elle n’avait jamais trouvé dans la gente masculine autre chose qu’un moyen d’arriver à ses fins.
Et lui, si captivant du fait de ses actes mais également ses silences, s’octroyaient le droit de la rendre fébrile face à ces choses futiles que l’on appelle « sentiments ».
William s’accroupit à sa hauteur, venant passer une main dans ses cheveux avant de dire d’une voix douce, exprimant à sa manière son inquiétude quant à sa réaction :
« Ne m’as-tu pas demandé des preuves ? Que dois – je faire pour te prouver que je veux être l’unique homme à poser les doigts sur toi, à regarder ton visage illuminé par le soleil naissant et à être là dans les bons ainsi que les moments les plus durs. »
La jeune fille leva les yeux sur lui avant de venir poser sa main sur la sienne et dire d’une voix tremblotante :
« Et si ton désir de mariage mourait avec la nuit ?
– Alors je te laisserais m’arracher le cœur de tes propres mains car après tout, il t’appartient. »
Shae se mordit la lèvre inférieure.
Que devait – elle faire ?
Devait- elle résister à ce désir indescriptible de céder à la tentation, de croquer la pomme juteuse de l’interdit et se donner entièrement à lui dans un soupir ? Ou au contraire, se devait – elle d’être une fille sage et renoncer à lui, suivre son plan et disparaître dans les limbes des souvenirs du jeune homme qui s’adonnera peut-être à une autre à qui il dira probablement les mêmes choses ?
Non, il était sincère.
Ses yeux parlaient pour lui, il avait fait tout ce chemin pour elle et uniquement elle et, contrairement à ce qu’elle pouvait penser, il ne repartirait pas sans elle. Il ne voulait pas une autre femme, il la voulait elle et uniquement elle, il désirait son corps et son âme, il désirait chaque parcelle d’elle et la voir lentement se consumer à son contact.
Et là, c’était elle qui le torturait, elle qui le faisait se languir.
William s’était laissé séduire par son innocence et sa présence était une torture qu’il avait lui – même créé. Quand il avait senti son cœur s’enflammer et se serrer dans sa poitrine, il n’avait pu se résoudre à la laisser partir loin de lui.
Il avait besoin de sa présence à ses côtés, sentir son corps et son esprit être soumis à une douleur mortuaire qui lui faisait tellement de bien en lui. Il avait envie de l’enlacer jusqu’à ce que la fièvre lui passe et que leur âme ne fasse plus qu’une.
Shae passa sa langue sur sa lèvre inférieure avant de dire dans un murmure :
« Si tu mens, je t’arracherais le cœur alors.
– C’est donc un oui ? »
En guise de réponse, Shae acquiesça timidement de la tête avant de se mordre la lèvre inférieure et plonger ses yeux azurs dans ceux rubis du jeune homme qui vint capturer ses lèvres dans un geste impulsif.
Elle ne s’était jamais vraiment demandé comment tout cela allait se terminer mais il lui semblait tout à coup, tandis qu’elle était blottie contre le torse de William sous la pluie battante, souhaiter que cela dure pour l’éternité.
Mais William en décida autrement, se décollant délicatement d’elle, il chuchota :
« Rentrons, tu vas finir par attraper froid si on reste là. »
La jeune fille se laissa remettre debout délicatement avant de le regarder lui indiquer le cheval qui, docile, attendait dans un coin à l’abri.
Le chemin se fit silencieusement entre eux, Shae restant blottie dans les bras de William qui galopait à assez bonne allure pour qu’ils ne restent pas trop longtemps sous la pluie. Quand ils arrivèrent enfin au manoir, William la fit délicatement descendre à terre avant de dire :
« Rentre, je vais le rentrer à l’écurie. »
Shae le regarda s’éloigner avant de pousser la porte d’entrée du manoir.
La jeune fille se frotta les bras avant d’avancer dans le hall et entendre le pas rapide de Louis qui, sortant du salon, vint à sa rencontre en s’exclamant :
« Tu es trempée ! Où est William ? Allons, viens te sécher !
– Il est parti rentrer son cheval à l’écurie, dit Shae en se faisant tirer par le bras dans le salon. »
Louis ne lui laissa même pas le temps de dire quoi que ce soit qu’il l’assit dans le fauteuil le plus proche du feu et la couvrit d’une grande couverture avant de mettre un petit réchaud d’appoint près de ses pieds.
Sébastian, assis sur le siège non loin, la regarda en esquissant un sourire tout en nettoyant ses pistolets avant de dire :
« Alors ?
– Alors quoi ? demanda Shae en frottant ses mains avant de les mettre non loin des flammes
– Vous vous êtes réconciliés ? poursuivit Sébastian en fermant le barillet de son pistolet dans un cliquetis léger.
– Nous avons discuté en effet, dit une voix dans l’entrebâillure de la porte, et Shae part avec nous demain à Londres par le premier train. »
Les yeux de Sébastian et de Shae vinrent se poser sur William qui, tout aussi trempé que la jeune fille, restait dans l’entrée sans entrer dans le salon. Il finit par dire :
« Je vais me coucher, la journée a été longue. Shae, tu devrais faire de même… Tu risques d’attraper un rhume et il faut que nous soyons tous en forme pour l’affaire qui nous mène à Londres demain.
– Ah…euh…d’accord. »
La jeune fille, gardant la couverture autour d’elle, se leva en remerciant Louis du regard avant de trottiner vers l’étage supérieur.
William monta assez rapidement après elle avant de la retenir par le bras, déclarant d’un ton calme :
« Ô j’oubliais, on a défoncé la porte de ta chambre aussi vas – tu devoir dormir dans la chambre d’ami en attendant qu’elle soit réparée. »
Shae fixa William avant de venir non loin de lui, ses lèvres proches des siennes avant qu’elle ne chuchote dans un souffle chaud qui fit tressaillir le jeune homme :
« Et pourquoi pas la tienne ? »
Leurs yeux se croisèrent mais aucun mot ne sortit de leur bouche tandis que William la souleva de terre, se dirigeant lentement vers sa chambre et poussa la porte avant de poser délicatement la jeune fille au sol et fermer derrière lui.
C’était la première fois qu’elle voyait ses appartements et fut étonnamment surprise de la simplicité des lieux : un grand lit à baldaquin se tenait au milieu de la pièce avec des rideaux de part et d’autre.
Une table basse ornée d’un chandelier ainsi que d’un livre de chevet se tenait sur la gauche du lit et avec au-dessus un portrait des trois frères Moriarty. Un tapis se trouvait au pied du lit ainsi que deux fauteuils non loin d’une cheminée.
Entre deux imposantes fenêtres se trouvait un bureau où jonchaient milles et une feuilles ainsi que des manuels de mathématiques.
Une porte se trouvait sur la gauche et on pouvait y entrevoir une baignoire.
Shae trouvait que les lieux collaient assez bien au personnage : utile et apaisant. Les mains de William venant se poser sur ses hanches la firent sursauter tandis qu’il vint chuchoter à son oreille :
« Louis a raison, tu devrais aller prendre un bain chaud pour éviter de finir frigorifiée.
– Je te retourne le conseil, le prendras – tu avec moi ?
– Pas ce soir, Darling. J’ai encore quelques détails à régler, prends ton temps d’accord. Nous aurons tout le temps de discuter. »
William baisa ses deux mains avant de prendre la porte de sortie et la laisser seule dans l’immensité de sa chambre.
Shae soupira, ne se laissant pas aller à la frustration avant d’obéir docilement et de faire sa toilette.
A peine William repassa – t – il la porte du salon que trois paires d’yeux le sondaient silencieusement. Il haussa les yeux de tant d’évidence avant de dire :
« Pour le bien de cette opération, nous ne mêlerons pas Shae à ça. Sa réaction n’en sera que plus réelle et nous avons besoin de cela pour que tout soit parfait.
– D’accord, dit Louis en s’enfonçant dans le fauteuil en passant une main dans ses cheveux, mais n’as – tu pas peur que son impulsivité soit encore une fois un problème ?
– Bien au contraire, je compte précisément sur cela pour que nous arrivions à nos fins. »
Une fois que les derniers préparatifs de leur affaire furent ficelés, il remonta lentement jusqu’à sa chambre avant d’en pousser la porte pour regarder son lit où Shae avait rejoint Morphée, blottie contre un de ses oreillers.
Il se dirigea vers la salle de bains discrètement avant de sourire en voyant qu’elle avait pris soin de lui faire couler un bain. William s’y glissa avant de passer une main dans ses cheveux en poussant un soupir. Le jeune homme ne voulait pas l’utiliser ou utiliser ses sentiments mais il n’avait pas le choix, pas cette fois.
Elle lui pardonnera quand elle saura tout, du moins il l’espérait.
Une fois son bain pris, il en sortit et enfila son pyjama avant de venir se glisser près d’elle, observant son visage endormi, si innocent. Comme si elle sentit sa présence, elle vint se blottir contre lui avant de pousser un soupir d’aise.
William sourit avant de souffler sur la bougie encore allumée, se laissant partir à son tour pour le royaume des rêves.
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Un retour en grandes pompes
Je suis vraiment désolée du temps de publication, il m’ait arrivé énormément de choses en plusieurs mois qui m’ont vraiment mis dans une situation très complexe.
Mais booooon, Shae & Will sont de retours pour de bons et j’espère pour très longtemps
D’après vous, que va – t – il se passer à Londres ?
William est – il sérieux quant à cette histoire de mariage?
Le rendez – vous hebdomadaire de To Be Mine revient : le mercredi sur Elden Who et le jeudi sur Wattpad
Love mes Moriarty’s Lovers !
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