Le bruit de la craie contre le tableau était l’unique son dans le silence de la classe du professeur Moriarty. Il écrivait frénétiquement l’explication d’un exercice de mathématiques en essayant de ne pas laisser son esprit dévier vers d’autres réflexions.
Avec seulement deux heures de sommeil au compteur, il avait du mal à rester concentrer mais au fond, comment vouliez – vous qu’il y parvienne.
Un meurtre déguisé en suicide, une matinée plus que déroutante avec une jeune fille incompréhensible et des élèves qui, malgré leur savoir, se montrait bien plus intéressé par les joies de la vie étudiante que par le résultat de « a + b = c ».
Une affaire de cette envergure méritait toute son attention mais, quoi qu’il fasse, il ne parvenait pas à se retirer les dires de Shae de son esprit.
« Non tu ne l’es pas, Tu m’as utilisé comme appât… »
Il est vrai qu’il n’avait pas été tendre avec elle.
Mettant de côté tout sens moral, comme toujours, pour faire de son rêve d’une vie égalitaire une priorité, il n’avait porté que très peu d’intérêt à son ressenti. Mais, que l’on ne vienne pas lui jeter la première pierre, car elle semblait totalement consciente de ce qu’il lui demandait et aurait pu se mettre en retrait dans sa cage dorée si quelque chose la dérangeait. Elle était au courant de ce qu’il était et de ce qu’il faisait, elle était d’accord pour se joindre à eux, où avait – il eut tort de penser qu’une jeune fille telle qu’elle pouvait comprendre et être autonome ?
Aurait – il dû s’occuper d’elle plus qu’il n’en faut ? Elle n’avait pas l’air de celle que l’on dorlote et couvre de cadeaux après une nuit torride.
Aurait – il dû lui rendre sa liberté ? Il en était incapable.
Ne pas savoir ce qu’elle faisait de ses journées pendant qu’il était à l’université était déjà une grande source d’agacement pour lui. S’il avait pu la tenir en laisse et avoir toujours un œil sur elle, bien que cela soit légèrement inhumain, notre jeune homme ne s’en serait pas gêné. Il aimait la savoir près de lui, sentir son regard désapprobateur et puis parfois la voir esquisser un sourire amusé face aux dires stupides de la populace.
Elle avait cette manière d’être candide mais son intelligence n’échappait nullement à notre cher Liam : elle était, sans nul doute, tout aussi sournoise que lui et il se demandait quand est – ce qu’ils pourraient joindre leurs forces afin d’arriver à ce qu’une affaire soit réglée autrement que par ses charmes.
Quand il était descendu afin de rapidement engloutir son petit – déjeuner dans l’optique de partir pour l’université de Durham, il fut légèrement étonné de ne pas trouver Shae en compagnie de Louis, ce qu’il lui avait fait remarquer.
Louis, lui tendant une tasse de Darjeeling, avait souri du mieux qu’il put, surement pour cacher son agacement quant à cet intérêt avant de déclarer :
« Elle est partie faire des courses pour le déjeuner et le dîner. Je pense qu’elle avait besoin de prendre l’air après tous ces événements ou est – elle partit à la pêche aux informations.
– Oui, dit William en soupirant, peut-être »
Il se demandait si ce n’était pas sa manière à elle de fuir la situation mais il savait qu’en parler avec son frère ne ferait que fragiliser leur amitié naissante aussi resta – t – il muet.
Louis poursuivit la discussion :
« Shae m’a dit avoir déjà vu des gens addict à la drogue et l’état de la jeune fille était tel que cela ne pouvait être de son propre fait. Tous les drogués savent que l’opium a ses limites. Et puis la chambre de la danseuse était à environ une demie – heure de marche…
– Il aurait donc fallu que quelqu’un la dépose près du pont, dit William en posant sa tasse.
– Si Shae a des informations en rentrant, je te le ferais savoir. »
William avait acquiescé avant de prendre un scone entre ses dents et enfiler sa veste pour prendre le chemin de la sortie du manoir, il était comme toujours en retard pour sa prochaine heure de cours.
Cependant, il semblait convaincu que l’affaire de la danseuse était ce qui leur fallait pour les rapprocher. Créer, entre eux, un lien qui la mettrait davantage en confiance tandis que lui pourrait enfin apaiser ses pensées les plus impétueuses.
Enfin, pour l’heure, il lui fallait trouver de quoi la mettre en haleine et il avait un cours à terminer.
« Quelqu’un a – t – il des questions ? »
Balayant la salle de cours du regard afin de voir les potentiels courageux, William remarqua rapidement l’absence d’un de ses élèves les plus assidus aussi s’enquit – il de demander :
« Lucien n’est pas là aujourd’hui ? Maintenant que j’y pense, il était également absent hier… »
La main vive d’un autre élève se leva dans les airs avant qu’il ne s’exclame :
« Professeur !
– Oui, Tate ? demanda Will en levant les yeux sur le jeune homme blond et dont le visage montrait des signes flagrants de fatigue.
– Eh bien, Lucien est enrhumé…
– Oh, vraiment ? Eh bien, j’irais le voir après les cours alors pour m’enquérir de sa santé, dit calmement William.
– Inutile ! S’exclama le jeune étudiant, légèrement agité. Je suis son camarade de classe aussi je prends déjà soin de lui.
– Je vois, voilà qui est fort rassurant. »
William afficha un sourire faussement rassuré avant de reporter de nouveau son attention sur le cours, non sans que son esprit ne fourmille de questions auxquelles ils ne tarderaient pas à avoir de réponse.
Quand la cloche sonna, les élèves rangèrent leur affaire avant de sortir un à un.
Une fois la salle vide, notre jeune ami prit le même chemin avant de se diriger vers la salle des professeurs et des archives, il y avait anguille sur roche et il était d’humeur à s’occuper de cela rapidement.
« Le dossier de Lucien Atwood ? Oui, bien sûr. Le voici. »
Le secrétaire farfouilla dans les dossiers avant de lui sortir un dossier très propre et le lui tendre en souriant.
William s’assit sur un divan avant de parcourir les pages silencieusement.
Lucian était l’aîné d’une célèbre famille écossaise vieille de plus de deux siècles et sa présence au sein l’université semblait être une normalité dans cette famille.
Il avait des résultats relativement corrects, de bons rapports alors pourquoi soudainement, sans crier garde, un jeune noble discipliné ferait l’école buissonnière ?
Il ferma le dossier avant de le poser sur le comptoir et se diriger d’un pas ferme vers la sortie, une visite à la cité universitaire ne lui ferait pas de mal, il avait besoin de mettre certaines choses au clair.
Sur le trajet vers la cité universitaire, William surprit deux élèves discuter entre eux :
« La fille à l’entrée est sublime ! Dudley a vraiment de la chance, tu penses qu’elle bosse avec la fille de la taverne ?
– Vu sa tenue j’en doute, en tout cas, ce soir je découche et toi ? dit le second en riant. »
Adossé à un muret, William les fixait avec un air froid et solennel.
Les deux jeunes sursautèrent en le voyant avant de bafouiller des bouts de phrases qui, bout à bout, ne signifiaient rien. William poussa un soupir avant de dire :
« Evitez de pousser le bouchon trop loin quand même, voulez – vous.
– Oui Professeur, dirent – ils en chœur.
– Eh bien, eh bien, le professeur Moriarty est si sévère qu’il en fait peur à ses étudiants. Quand je pense que vous dites qu’il est votre frère. »
Les yeux des élèves se détournèrent de William pour s’illuminer en se fixant sur un objet bien plus tentant. Le jeune professeur, quant à lui, se raidit légèrement avant de se tourner vers celui qu’il ne prit pas de mal à reconnaître : Dudley Bayle et à ses côtés, objet de toutes les tentations, se tenait Shae.
Les deux élèves profitèrent d’un sourire complice de Shae et de l’inattention de William pour détaler comme des lapins.
La jeune fille se tenait près du comptable scolaire en esquissant un petit sourire à William qu’il ne lui rendit pas tout de suite tant il était choqué par sa tenue des plus singulière et aguicheuse.
Il en mettait sa main à couper que Louis ne l’avait pas vu quitter la demeure.
Vêtue de petites bottines à lacets, elle ne portait ni bas ni collant pour cacher la nudité de ses jambes. Sa jupe partait en de nombreux volants et était assez courte, ce qui laissait une réelle vue sur ses cuisses. Elle portait également une chemise blanche légèrement cintrée mais qui semblait clairement avoir été trempée il y a peu et, à son cou, une petite broche portant les armoiries de la famille Moriarty.
Au-dessus de tout cela, la jeune fille portait une longue veste, bien trop grande pour elle, qui portait les couleurs de l’université. Il n’eut ainsi pas de difficulté à comprendre que cette veste n’était pas la sienne.
Ses cheveux virevoltaient au gré du vent et lui donnait un air candide qu’il aurait aimé garder uniquement pour lui.
Dudley vint poser sa main sur l’épaule de la jeune fille qui détourna son regard de William afin de le poser sur l’homme, un peu trop intimiste, avant qu’il ne lui dise :
« Votre panier, Milady.
– Merci de m’avoir aidé à trouver le chemin et de me l’avoir porté. D’ailleurs merci aussi pour ça. »
La jeune fille montra la veste en rougissant légèrement.
« – Vous êtes la sœur d’un de nos plus prestigieux professeurs, je ne pouvais pas vous laisser dans cette position encore plus avec tous ces jeunes hommes.
– Je vous la ferais nettoyer au plus vite, dit – elle en souriant »
William sembla mettre énormément d’énergie à cacher sa colère et sa jalousie en les voyant ainsi. Dudley fut le premier à reprendre la parole, un sourire chaleureux sur le visage en déclarant :
« Il faut être plus sociable avec les élèves, Professeur ! Regardez, Smiiiile ! »
Le jeune homme n’avait qu’une seule envie : lui arracher les yeux pour avoir osé les poser sur sa douce amie. Et pourtant, il afficha un sourire dès plus chaleureux avant de déclarer à son tour :
« Vous avez mille fois raison, toujours gai monsieur Dudley.
– Voilà qui est mieux !
– Merci d’avoir escorté ma sœur jusqu’à moi, dit – il en tirant Shae par le bras pour la mettre derrière lui en souriant.
– Ce n’est rien, dit Dudley en secouant sa main dans les airs comme protestation, ce fut une rencontre des plus délicieuse. Elle est tombée dans le ruisseau juste derrière, quel type d’homme aurais – je été de la laisser traverser toute l’université trempée et à la vue de nos jeunes étudiants avare de belles filles. Sinon, dites – moi vous vous habituez aux lieux ?
– Tout est charmant, merci, dit docilement William en sentant la main de Shae serrer son veston.
– Eh bien, ça ! Après tout il le faut quand on sait que l’avenir de l’Angleterre grandit en ces lieux. »
William sourit avant de se tourner vers Shae, sa main se tendant vers elle pour l’intimer à les suivre. D’abord hésitante, elle la saisit puis marcha en suivant leur rythme sans s’immiscer dans leur discussion, regardant les lieux somptueux.
Le jeune homme, quant à lui, profita de la présence de la jeune fille pour observer que son cher sauveur avait clairement baissé sa garde aussi dit – il :
« Au fait, monsieur Dudley, j’ai ouïe dire que vous possédiez un nombre important de taverne, boutiques et établissement à Durham. Vous êtes un grand propriétaire voire l’élite de cette ville !
– Oh ne soyez pas si formel, dit Dudley en riant, je ne suis même pas titré, un petit provincial tout ce qu’il a de plus banal. C’est surement la raison pour laquelle je souhaite que tout roule comme il faut à l’université. Tous les bâtiments sont financés par des anciens de l’école… »
Shae fixait des jeunes hommes jouer entre eux et laissa échapper :
« On dirait un paradis.
– Vous êtes intelligente Milady, dit Dudley en souriant, tous reprendront un jour le titre et les responsabilités esclavagistes de leur père… Ici au moins, la police les laisse tranquille et le temps de leurs études, ils peuvent faire ce qu’ils veulent sans que cela n’ait d’incidence sur leur avenir.
– Ce que vous me dites c’est « Laissons les étudiants faire ce qu’ils veulent ? », demanda William en esquissant un sourire
– Oh non, tenta de se corriger Dudley, mais je pense que nous devons les protéger et donc ne soyons pas trop sévères avec eux pendant ce laps de temps. »
Dudley sortit sa montre à gousset avant d’ouvrir les yeux et sourire en disant :
« Je n’ai pas vu le temps passer, Milady au plaisir de vous revoir, vous aussi, professeur Moriarty.
– Je rendrais votre veste à mon frère dès qu’elle sera nettoyée, dit Shae en souriant docilement. »
William esquissa un sourire faible en le regardant s’éloigner.
Il était désormais limpide comme de l’eau de roche que les étudiants de Durham n’était pas vu ainsi par Dudley mais uniquement comme de vulgaires clients qui lui rempliraient les poches le moment venu.
Un raclement de gorge le ramena à la réalité tandis que Shae le fixait, la tête légèrement inclinée.
« M’as – tu entendu ? Je suis simplement venu t’apporter ton déjeuner, Louis a insisté… »
Le jeune professeur la saisit par le bras avant de la tirer dans un endroit à l’abri des regards avant de dire :
« Et toi, tu souhaitais être ici ?
– J’avais une course à faire en ville, j’en ai profité. C’est tout.
– C’est vrai ? Et quelle était cette course ?
– Je cherchais des indices sur la mort de la tavernière… »
Ainsi elle l’avait devancé et cherchait déjà des indices sur cette affaire. Il lui sembla ressentir un sentiment d’admiration puis se reprit avant de dire en jouant avec une de ses mèches de cheveux :
« Et qu’as – tu trouvé ?
– La tavernière m’a aspergée d’eau de la tête au pied… Autant te dire que j’aurais préféré être partout sauf là-bas, dit Shae en essayant de masquer sa gêne, mais après qu’elle m’eut reconnue comme celle ayant essayé de sauver la jeune fille, elle m’a fait entrer.
Elle a fini par me raconter que la danseuse du pont s’appelait Frida et avait une amourette avec un étudiant du nom de Lucien…
Il l’avait même demandé en mariage jusqu’à ce qu’il ne disparaisse dans la nature brutalement. Quelques temps après, un homme est venu lui dire que tout était terminé et Frida s’est effondré. Mais ensuite, elle a appris être enceinte et s’est repris en main, elle allait bien ces derniers jours, personne n’aurait pensé qu’elle…
-… Se jette du pont, poursuivit William, Je vois. Et l’histoire du ruisseau ?
– J’étais trempée jusqu’au cou, grommela Shae en croisant les bras, et je devais te ramener ton déjeuner, je n’allais pas dire que la sœur de William James Moriarty sortait d’une taverne.
– Perspicace, dit William en se penchant un peu en avant pour boutonner la chemise de Dudley pour cacher la tenue de la jeune fille.
– Bon, je te laisse ça, dit – elle en lui donnant le panier de nourriture, je m’en… »
Avant qu’elle ait pu finir de parler les lèvres de William vinrent se poser tendrement contre celles de Shae. La jeune fille se colla un peu plus contre le mur pour ne pas être vu des possibles passants avant de se mettre sur la pointe des pieds et lui rendre son doux baiser.
William finit par se décoller délicatement avant de susurrer :
« Rentre maintenant, je n’aimerais pas que d’autres hommes posent leurs mains sur toi.
– Est – ce un désir ou un ordre ? chuchota – t – elle en arrangeant la cravate du jeune homme.
– Les deux, Shae, ne fais pas de détour. Rentre directement, je m’occupe du reste. »
La jeune fille acquiesça en guise d’approbation.
Elle vint poser un doux baiser sur le coin de ses lèvres avant de poser un énième regard sur lui et partir vers la sortie de l’université.
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Coucou mes Moriarty’s Lovers !
Voici un nouveau chapitre de To Be Mine et le dernier de ce weekend
Je me suis bien rattrapée pour vos trois semaines sans Will?
J’ai décidé que désormais je publierais l’histoire dès que j’aurais de la motivation donc ça peut être plusieurs chapitres à la chaine ou un par semaine
Et comme cette semaine est un peu particulière : préparez – vous à en avoir plusieurs !
Sinon : Qu’avez – vous penser de ce chapitre ? Dudley ? William et Shae ?
Pensez – vous que Shae parte comme elle l’a dit après un tel baiser ?
Que veut dire Will par » je m’occupe du reste »
Allez donnez vos pronostics !
On se dit à demain…Ou à jeudi ?!
Loooooooooove
xoxo Elden Who !
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