« Je ne veux pas rester toute seule…Tu peux faire ça, juste pour cette fois.
– Pas très longtemps… »
Les yeux pourpre du jeune Louis s’ouvrirent lentement, au contact des premiers rayons de soleil qui perçaient par la fenêtre, avant de se poser sur le plafond immaculé. Il n’avait pas vu quand le sommeil s’était saisi de lui et l’émergement du monde des songes se voulait difficile.
Il poussa un léger soupir avant de passer une main délicate dans sa chevelure blonde tout en tentant de remettre un peu d’ordre dans ses idées.
Avait – elle baissé sa garde dû aux événements de la veille ou était – ce lui qui, cédant comme les autres à sa candeur naturelle, avait fini par montrer son côté faible ? Avait – il vraiment vécu tout cela ou avait – il simplement rêvé ces quelques instants de répits avec la douce Shae ? Serait – ce une illusion évaporée aux douze coups de minuits ? Y aurait – il des répercussions à leur complicité nocturne ?
En guise de réponse, la tête de la jeune fille endormie vint se lover contre son torse en poussant un léger gémissement tandis qu’elle vint enrouler sa jambe autour de la sienne.
Louis, semblant se rendre compte de sa présence, prit d’abord un air surpris de la voir ainsi vulnérable près de lui puis s’adoucit en venant arranger une de ses mèches de cheveux derrière son oreille afin de dégager la vue sur son visage juvénile.
Louis ne l’avait jamais vraiment observé, surement une réaction normale quand on se décide à mépriser quelqu’un du fait de l’attraction qu’elle exerce sur son frère. Mais, maintenant qu’elle était là, entre ses bras, il ne pouvait en décrocher le regard tant elle était radieuse.
Décidément, il se demandait comment elle avait pu vivre en toute innocence, jusqu’à ce jour, sans que sa naïveté ne soit entachée… Elle avait pourtant vécu des choses horribles, bien qu’elle n’en eût jamais dit un mot, il se questionnait.
Elle était si immature, qui aurait eu l’idée de s’endormir ainsi près du sexe opposé sans aucune gêne et avec autant de désinvolture. La pudeur n’était pas son fort, et pourtant, il avait beau détester cela chez elle, là tout de suite, il ne pouvait s’empêcher de la désirer…
« Laisse-lui une place dans ton cœur… »
Ces mots de William résonnaient en lui.
Louis gardait ses pupilles fixées sur elle, blottie contre lui, sublime et complètement vulnérable avant de se pencher pour poser un tendre baiser sur son front avant de reculer. Il lui sembla, à cet instant, sentir son cœur s’arracher de sa poitrine pour venir tomber tout cru aux pieds de la belle endormie.
Il faut que je prépare le petit – déjeuner, sembla se rappeler le jeune homme en se rendant compte que la journée était déjà bien avancée. Il se redressa lentement afin de ne pas la réveiller puis il se mit à tâtonner de son bras libre les draps à la recherche de ses lunettes.
Quand il put enfin mettre la main dessus, le jeune homme se dégagea de l’étreinte de la jeune fille, non sans un grognement de sa part, et s’étira pour retrouver l’usage totale de ses membres endoloris.
Il profita de ce bref instant pour balayer la pièce tamisée du regard.
Albert avait toujours eu bon goût en décoration mais dès qu’il s’agissait d’une femme, il semblait maître en la matière. La pièce arborait des couleurs douces et la décoration n’était pas trop chargée et collait parfaitement au personnage.
Le regard de Louis se figea ne sur le fauteuil se trouvant près de la fenêtre, son corps tout entier semblant être saisi de paralysie tandis que ses lèvres ne s’ouvrirent que pour pousser un cri de surprise et d’effroi.
Assis, silencieux, ses deux yeux pourpres fixés sur Louis, son aura meurtrière palpable ne laissait aucun doute quant à ses émotions.
William esquissa pourtant un doux sourire avant de déclarer :
« Bonjour petit – frère, la nuit a été bonne ?
– Ce … Ce n’est pas ce que tu penses, on a… »
Avant qu’il ne puisse poursuivre sa phrase, un oreiller vint s’écraser sur son visage, le faisant basculer vers l’arrière tandis que Shae se redressa lentement en se frottant les yeux et bailler à s’en décrocher la mâchoire.
La jeune fille passa une main dans ses cheveux avant de plonger son regard azur dans celui rubis de William.
« Qu’est – ce que tu fais là, William ?
– Je venais m’assurer que tu allais bien, dit calmement le jeune homme en croisant les jambes.
– Te voilà rassurer du coup, y a – t – il autre chose ? »
Il n’aimait pas son air de condescendance mais il savait que c’était sa manière de se montrer son agacement quant à son silence après la nuit qu’il avait passé.
Il ne lui avait rien dit, retournant à la vie comme si rien n’avait changé. Mais pour elle, qui avait dû trouver ses draps tâchés de sang le lendemain, plus rien ne serait plus jamais pareil.
William posa son regard sur Louis qui, frottant sa joue, finit par déclarer :
« On a veillé tard en discutant des événements de la veille. Shae pense que la jeune fille a été droguée et que cette soi – disant mise en scène est en réalité un meurtre.
– J’ai surtout dit, reprit Shae en remontant légèrement ses jambes sous son menton, qu’elle n’avait pas le profil des toxicos normaux…
– Oui, je me suis dit la même chose ce matin en lisant la Gazette, dit William en lançant le journal aux pieds de Shae. »
Shae regarda le jeune homme puis le journal avant de le saisir et lire la Une, ses yeux s’écarquillant au fur et à mesure :
« Un suicide sur le pont ? Une danseuse de taverne se jette du pont. De l’opium a également été trouvé dans sa chambre. »
Elle posa violemment ce qu’elle considérait désormais comme un vulgaire torchon avant de fixer William en hurlant presque :
« C’est un tissu de mensonges ! Même une droguée aurait su faire la différence entre un pont et une scène.
– La vie à Durham s’est pourtant bien amélioré depuis le « départ » du baron Dublin, dit Louis pensif tout en enfilant sa chemise et se lever du lit.
– En es – tu bien certain, dit en souriant William tout en reprenant le journal. Il est vrai que depuis l’affaire du baron, la noirceur qui sautait aux yeux s’est pas mal dissipée mais je sens que nous avons une nouvelle affaire. Et celle – ci demande que nous allions éclairer quelques peu les recoins sombres. »
Ils se regardèrent tous les trois avant que les deux jeunes hommes ne décortiquent Shae du regard, semblant brutalement se rendre compte de son accoutrement.
Ses cheveux tombaient sur ses épaules nues en cascade, la chemise qu’elle portait ne servant strictement à rien, étant ouverte sur sa peau laiteuse et ses sous – vêtements. Ses jambes remontées leur donnaient une vue non négligeable sur sa petite culotte en dentelle et elle ne semblait nullement gênée de tout cela.
William et Louis se regardèrent en silence avant que le premier ne se lève et déclare :
« On te laisse te préparer et nous rejoindre pour le petit – déjeuner.
– Ah mais on…, commença la jeune fille en tendant la main vers eux.
– Cela attendra que tu sois présentable, dit fermement William en tirant Louis vers la sortie et qu’il ne claque la porte. »
Les deux frères restèrent quelques instants derrière la porte, chassant les quelques idées impures qui avaient pu naître dans leur tête.
Ils prirent ensuite le chemin de leurs appartements avant que Louis ne prenne la parole :
« – Je te promets que nous n’avons rien fait de préjudiciable.
– Je te crois, dit William en venant caresser sa chevelure, tu n’as pas à te justifier auprès de moi.
– Bien sûr que si !»
William resta silencieux et arrêta de marcher avant de poser son regard sur son frère qui, malgré l’atmosphère lourde, continua ses dires :
« Je ne sais pas si c’est de l’amour ou un simple désir de possession mais tu ne seras en paix que le jour où tu la possédera entièrement et je refuse d’être un obstacle à ta quête.
– Poétique mais complètement illusoire. Je ne ressens rien pour elle, dit froidement William. Il est vrai que Shae est fascinante du fait de ses ambitions de voir la noblesse sombrer dans le chaos mais rien de plus… Une fois que je n’aurais plus besoin d’elle, je m’en débarrasserais sans aucun remord. »
William fit un pas vers Louis avant de venir poser sa main sur sa joue et ajouter :
« Mais toi, mon cher frère, tu es tout ce que j’ai de plus cher… Alors ne te soucis pas des autres.
– Tu peux te mentir à toi – même mais pas à moi, j’espère simplement que lorsque tu te rendras compte de ce que tu ressens, il ne sera pas trop tard. »
Louis sourit faiblement avant de se diriger vers sa chambre et fermer la porte derrière lui, laissant William, seul.
Le jeune homme s’adossa à un mur en poussant un soupir.
Me mentir à moi – même mais sur quoi ? se demanda – t – il en passant une main lasse dans ses mèches blondes.
Il ne lui semblait pas ressentir quoi que ce soit d’émotionnel à l’égard de la jeune fille, rien que de simples pulsions bestiales qu’il pouvait contrôler quand il n’était pas dans la même pièce qu’elle.
Il lui semblait que dès lors qu’elle se trouvait loin de lui, il lui était possible d’être lucide, d’avoir les idées claires et qu’il n’avait pas cette gêne de passer encore et encore ses images d’eux en train d’échanger des moments qu’ils leur étaient purement et simplement interdits.
William se revoyait la plaquer contre le lit alors que son corps était encore humide, son corps hésitant entre trembler de plaisir ou de peur. Il lui semblait pouvoir encore sentir sa peau contre la sienne et son odeur sucrée sur ses doigts.
Malgré le fait qu’il secouait légèrement la tête, il lui crut entendre dans le creux de son oreille son nom gémit par ses soins et sa voix fluette supplier qu’elle lui donne encore plus de plaisir.
Le jeune homme se mordit la lèvre furieusement avant de taper le mur du poing et ouvrir les yeux en sentant perler sur sa peau des gouttes de sueur sous la pression charnelle qui s’emparait de lui.
Il ne ressentait rien, il n’en avait pas le droit.
Ressentir quelque chose était une faiblesse qui leur coûterait cher à tous et ils comptaient beaucoup trop sur lui pour qu’il les déçoive en se laissant distraire par une variable inconnue.
Et pourtant, quand Shae finit enfin de s’apprêter et ouvrit la porte en vue de descendre au petit salon, elle tomba nez à nez avec William, affichant un regard indescriptible avant de la pousser à l’intérieur de sa chambre et fermer la porte derrière lui dans un cliquetis léger.
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Et voilà, chose promie chose due, voici le nouveau chapitre de To Be Mine
Allez, la parole est à vous : donnez moi votre avis sur ce chapitre et sur l’histoire jusqu’à maintenant ?
Vous plait elle toujours autant? Quels sont vos pronostics sur les prochains chapires et l’évolution des personnages?
Je reste dans l’attente de vos retours afin de voir si cette histoire vous émeut toujours autant
xoxo , Elden Who
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