Quelle belle aventure que celle des rayons du soleil au lever du jour.
Discrètement, ils se faufilent à travers la fine fente laissée par les rideaux de la chambre afin de se propager de manière exponentielle à travers elle, illuminant dans la foulée les objets se trouvant sur leur chemin. Voilà que le lieu, qui se voulait jusque-là bien sombre, est désormais paré d’un habit de lumière plus joyeux.
Leur quête n’est cependant pas finie, il leur faut encore atteindre l’être endormie sur le lit et qui, naïvement, n’a pas jugé utile de couvrir sa tête des draps de soie.
C’est à pas feutré qu’ils avancent vers elle au fur et à mesure où le soleil s’élève dans le ciel mais avant qu’ils aient pu atteindre leur cible, un obstacle se dresse sur leur route.
Que de déception, se dira-t-on !
L’obscurité reprend le dessus quelques instants avant que leur « ennemi » finisse par s’avérer un puissant allié dans leur invasion en masse, ouvrant d’un geste brusque les deux rideaux de cette pièce dont la beauté ne ressort que si, elle est baignée de lumière.
« Hum. »
Machinalement sa main se serre sur le drap de soie et un grognement quitte ses lèvres afin d’exprimer son agacement quant à cette soudaine invasion solaire.
Pourquoi Maria est – elle toujours aussi brutale dans ses actions ?
Il est vrai qu’elle se doit de se réveiller afin d’accomplir les tâches « ingrates » qui sont les siennes mais mérite – t – elle d’être ainsi agressée par le rayonnement de l’astre pour affronter cette nouvelle journée ?
Elle aurait voulu qu’elle vienne s’asseoir près d’elle, caressant sa chevelure comme le ferait une mère aimante avant de lui intimer de se lever pour se préparer et aller prendre le petit déjeuner. Elle aurait voulu qu’elle lui brosse sa chevelure interminable pendant qu’elle sirote son thé tout en lui racontant les derniers potins de la civilisation londonienne et qu’elle lui rappelle les règles de bienséance que doit respecter une fille de sa condition.
Elle aurait voulu des choses que malheureusement elle n’aura pas car Maria, de ses origines moyennes, se montrait rustre et sévère.
« – Maria, encore cinq minutes, je t’en prie…
– Je vous apportais simplement de quoi vous changer, dit une voix douce mais clairement masculine. »
La jeune fille ouvrit d’un coup les yeux, se redressant pour observer l’inconnu qui, adossé au rebord de la fenêtre tout en ayant les bras croisés, lui faisait face avec un sourire aux lèvres.
Elle l’observa quelques instants, le décortiquant de la tête aux pieds.
D’à peu près 1 mètre 90, l’homme qui se tenait face à elle respirait la noblesse à plein nez. Son costume d’un marron auburn fait sur mesure, ses boutons de manchette arborant le blason de sa famille, sa cravate verte assortie à ses yeux…
En parlant de ses yeux, ce fut probablement ce qui la frappa le plus. Ils étaient si verts qu’elle se perdait dedans sans pouvoir articuler un mot correctement.
Cela ne sembla aucunement dérangé l’inconnu qui gardait son sourire imperturbable. Apparemment, c’était monnaie courante pour lui de se faire ainsi dévisager. En même temps, quand on amène une inconnue chez soi, on ne peut pas s’attendre à une autre réaction que celle – ci.
« – Qui êtes…vous ? »
Ah enfin, la fameuse question.
Qui êtes – vous ? Où suis – je ? Que me voulez – vous ?
Il s’attendait à ce qu’elle les pose bien plus tardivement, probablement à un de ses frères.
Albert avait beau être l’aîné de la famille Moriarty, il détestait les contrariétés ainsi que les corvées. Aussi, devoir lui expliquer les raisons qui l’ont amené à se retrouver dans sa chambre à coucher hier, ou encore la situation qui sera désormais la sienne une fois qu’elle saura qui ils sont et ce qu’ils font ici, le rendait légèrement bougon.
Le jeune homme se redressa sur ses jambes, venant lentement s’asseoir près d’elle sur le lit avant de venir caresser délicatement sa tête comme s’il s’agissait d’un petit chien abandonné puis dit :
« – Je vous propose de faire un brin de toilettes, de vous changer puis de descendre au petit salon que nous vous expliquions cela »
Nous.
Donc ils étaient plusieurs dans cette bâtisse ? Combien ? Étaient – ils ici pour mettre fin à ses jours ? Non, il ne l’aurait jamais ramené ici ou acheté de nouveaux vêtements si c’était le cas. Cela n’a aucun sens. Alors pourquoi était – elle là ? D’ailleurs comment y était – elle arrivée ?
Avant que notre ingénue ne revienne sur Terre et n’ait eu le temps de rétorquer, Albert était déjà sur le pas de la porte, lui adressant un dernier sourire avant de sortir en fermant derrière lui, laissant la jeune fille avec ses questions.
Se changer, voilà donc la mission qui était la sienne.
Elle regarda la pièce dans sa globalité avant que ses yeux ne se posent sur une robe posée délicatement sur le dossier du fauteuil, des sous-vêtements propres, des nœuds pour dompter sa chevelure ainsi que de petites chaussures à talons.
Elle retint un petit rire, imaginant comment cela avait dû être gênant pour lui d’entrer dans une échoppe féminine pour demander de quoi habiller une fille dont il ne connaissait rien et qu’il ne verrait probablement jamais nue. Enfin, elle ferait mieux de s’exécuter si elle voulait les réponses à ses questions aussi entama – t – elle de se lever du lit pour se diriger vers la salle de bains.
Au moment où son pied droit rentra en contact avec le sol, qu’une douleur lancinante s’empara d’elle, la forçant à se mordre la lèvre inférieure pour ne pas hurler à plein poumons.
Notre frêle petite chose baissa son regard vers sa jambe pour découvrir que sa cheville avait été bandée soigneusement ainsi que sa cuisse.
Elle put ainsi remarquer que ses poignets avaient également subi le même sort, puant l’engouant et les herbes médicinales. La jeune fille barra ainsi « meurtre » des raisons potentielles qui faisaient qu’elle se trouvait ici.
On ne soigne pas quelqu’un que l’on veut tuer hormis si on est sacrément sadique.
Elle poussa un soupir, rien ne servait de se torturer l’esprit, elle finirait bien par avoir les réponses à ses questions si tant est qu’elle daignait se dépêcher. Aussi, se dirigea – t – elle plus lentement vers la salle de bains, retirant le linge de nuit qu’elle portait et se diriger vers la baignoire d’eau chaude qu’il avait, semble – t – il, fait couler pour elle au préalable.
Une fois immergée, l’heure était aux bonnes questions.
De quoi pouvait – elle bien se souvenir de ces jours qui venait de s’écouler ?
Elle se souvient être parti à la recherche de son ami.
La jeune fille s’était inquiétée dès l’instant où elle ne l’avait pas vu rentrer à l’orphelinat, lui qui aimait tant les petits plats de la Sœur Ingrid, et avait enfilé son manteau pour sillonner les rues londoniennes à la recherche d’un quelconque indice en compagnie de Stan.
Ils avaient passé la soirée entière à chercher l’adolescent en se demandant ce qui avait bien pu arriver, questionnant portiers, passants et cochers. Mais rien, pas même un indice, il faut dire qu’il était monnaie courante de voir disparaître des enfants de condition médiocre dans la ville de Londres encore plus par les temps qui court… La famine, le manque de soins n’épargnait personne.
C’est au matin que Cass avait été retrouvé, à l’entrée de East End, le corps inerte.
L’ingénue se souvient avoir écarté les curieux en venant s’accroupir pour retourner le corps encore tiède, balafré de ci et de là, de son ami et qu’elle avait regardé Stan venir se jeter sur le cadavre en pleurant.
Elle n’avait pas pleuré.
A quoi bon, cela n’allait pas le guérir ni le ramener de la mort. Elle avait juste laissé Stan pleurer et avait lever la tête pour observer les gens autour qui s’agglutinait comme des rapaces. Prenant un morceau de bois, elle l’avait agité devant eux en hurlant :
« – Vous vous délectez du spectacle ?! Cela vous satisfait ?! Allez-vous en bande de… »
Avant qu’elle ne puisse finir sa phrase, la police s’était interposée entre elle et les curieux, avant de venir lui tapoter gentiment l’épaule et de dire :
« – Allons mon garçon, laisse-nous faire ton travail. »
Ils l’avaient poussé délicatement pour ensuite avancer vers Stan encore larmoyant et avait pris le corps de Cass de ses bras frêles et s’en était allé sans plus d’explication.
Stan était venu la tenir par le pan de son pantalon, n’arrêtant pas de lui demander ce qu’ils allaient faire de son corps mais elle ne souhaitait pas lui répondre.
Comment dire à un enfant de cet âge, vivant déjà des choses bien atroces, que son ami qui lui chantait des berceuses pour s’endormir allait être jeté tel un déchet dans une fosse commune ? Que la police ne chercherait pas l’assassin de cet être innocent parce qu’après tout, ce n’était qu’un roturier sans important qui n’apportait rien hormis davantage de crasse dans les rues déjà bien souillées de Londres.
Non, elle avait préféré rester silencieuse, venir caresser sa petite tête rousse avant de lui dire :
« – Retournes à l’orphelinat, je viens te rejoindre après je pense savoir pourquoi la police ne fait rien pour régler cette histoire.
– Quoi… ?
– Oui, je pense qu’ils sont à la botte d’un noble… »
Elle avait chuchoté ses derniers mots qui se voulait plus une réflexion à elle-même qu’une réponse à Stan qui, désormais le visage décomposé par le choc, vint se tenir un peu plus à elle. La jeune fille s’était accroupie pour venir l’enlacer avant de le faire lâcher prise et le regarder partir d’un pas mal assuré.
Elle prit une inspiration avant de prendre la direction opposée afin de retourner sur le lieu de travail de Cass, elle le pressentait c’était là – bas qu’il avait été enlevé.
Après ça, tout est flou.
La jeune fille avait beau essayé de se concentrer, ses souvenirs étaient confus. Elle plongea la tête dans l’eau comme pour essayer de s’immerger dans ses pensées plus loin dans ses souvenirs.
Elle se voyait au croisement, jouant d’un instrument mobile, en attendant un quelconque signe de l’agresseur. Elle avait attendu jusqu’à la tombée de la nuit mais rien pas même un crapaud ne vint la souiller. C’est en poussant un soupir, ses yeux se levant vers le ciel qu’elle le vit, perché à sa fenêtre comme le vautour qu’il est. Leur regard s’était croisé et elle comprit immédiatement qu’il n’allait pas la laisser propager sa vérité dans la ville.
Avant qu’elle puisse ranger son instrument, un homme imposant s’était mis devant elle, un sourire malfaisant sur le visage.
« – Accepteriez – vous de me suivre mon garçon. »
Elle avait feint un sourire avant de prétexter un impératif mais en vain.
Il l’avait suivi longtemps dans la ville jusqu’à ce qu’elle doive courir pour espérer un salut. Mais à peine avait – elle pensé l’avoir semé, qu’elle avait été assommée et trainée de force dans un lieu poisseux et dont elle ne savait rien.
L’homme, assis face à elle, n’avait rien à voir avec celui qui l’avait poursuivi.
Il avait d’un calme à toute épreuves et d’une douceur sans nulle égale. D’une quarantaine d’années, il était très soigné voire un peu trop propre sur lui.
Était – ce la raison qui lui avait fait penser que cela était la démonstration de son vice ? Elle ne s’en souvenait pas et pourtant, elle se rappelle qu’il était resté très longtemps à la regarder sans dire un mot.
Elle se rappelait avoir voulu bouger son bras mais que celui – ci avait fait un bruit atroce dû aux chaines qui l’entravaient pendant qu’elle était écartelé tel l’Homme de Vitruve, vêtu de ses simples sous – vêtements.
« – Je pensais que tu étais un homme. Quelle ne fut pas ma surprise de voir une jeune femme à l’état de chrysalide.
– Libérez moi sale pervers !
– Je ne vais rien te faire, avait dit le comte en croisant les jambes, Malheureusement, je ne peux pas te libérer. Vois – tu, il y a des choses qui ne peuvent sortir de ces lieux et tu en fais partie, tu risques de compromettre mes parties de jeu.
– Vos barbaries, vous voulez dire, avait-elle rectifié en lui jetant un regard noir.
– Ils le désirent tous, ils me suppliaient de venir à eux pour cueillir leur innocence, lui répondit-il comme pensif.
– Vous êtes écœurant. »
L’homme s’était levé de sa chaise, s’approchant d’elle lentement pour saisir son visage de sa main droite, exerçant une légère pression sur ses joues avant de se rapprocher encore et venir lécher sa joue comme on goute un plat. Cela eut pour effet de tirer à notre ingénue un regard choqué et effrayé.
« – Quel dommage que tu sois une femme… Tu as si bon goût… Je vais te laisser à mon petit serviteur, il doit être récompenser pour avoir bien travaillé. »
Pour accompagner ses mots, il s’écarte d’elle et lui donne son dos pour monter les marches de l’escalier pendant que le garde, jusque-là tapis dans la pénombre, sors et s’approche d’elle.
« – Aaaaaah ! »
Elle plaqua sa main sur sa bouche pour bloquer le cri qui s’échappait de ses lèvres tant le souvenir de ses traitements furent innommable.
La porte de la salle de bains s’ouvrit avec fracas, ce qui fit sursauter la jeune fille qui se tourna afin de faire face à l’individu qui venait de rentrer, légèrement haletant par l’effort physique que cela lui avait demandé.
Ses pupilles d’un rouge sang se plongèrent dans les siennes embuées de larmes et bleutées pendant qu’elle ne savait pas quelle émotion devait être prioritaire dans sa poitrine.
William fini par reprendre son souffle et, comme s’il souhaitait ne pas l’effrayer davantage, dire en restant dans l’entrebâillure de la porte :
« – Vous…allez bien, Shae ? »
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Shae est entrée en scène des plus douces des manières, ne trouvez-vous pas ?
Qu’est – ce que le garde a bien pu faire à Shae pour que son cri amène Will à venir en courant ?
Donnez – vos avis & impressions, n’oubliez pas que l’imagination est à consommer sans modération 😍
Je vous dis à la semaine prochaine pour un nouvel épisode de #TBM
HS : Je vous laisse avec un petit teasing To Be Mine ( je pense en faire plusieurs petits ❤️ )
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