Sa langue passa frénétiquement sur ses lèvres en se rappelant le goût sucré des siennes et un frisson parcourut l’entièreté de sa colonne vertébrale.
L’heure n’était pas aux batifolages mais à la concentration.
Il est vrai qu’elle avait promis à Louis d’amener son déjeuner à William mais autre chose l’amenait en ces lieux majoritairement dédié au sexe soit – disant fort : la chambre de Lucien Atwood.
Il pouvait être tout noble qu’il était, il ne faisait aucun doute que cette histoire d’amour était sincère et que le jeune noble n’aurait jamais laissé la jeune fille à son triste sort encore plus s’il avait pris qu’elle portait son enfant.
En tout cas, elle aimait à penser qu’il y avait des hommes moins odieux que son propre géniteur, aussi, il fallait qu’elle comprenne ce qui pouvait l’avoir fait changer d’avis quant à son affection envers Frida.
Et les secrets les mieux gardés se trouvent à l’abri des regards. Rien de mieux qu’une chambre mal rangée pour y cacher ses sombres côtés.
Pourquoi elle n’avait rien dit à William ?
Il aurait cherché à la dissuader de s’y rendre et actuellement c’était bien la dernière chose qu’elle souhaitait : partir sur un mystère non élucidé.
Shae passa une main dans ses cheveux avant de trottiner vers la cité universitaire, provoquant aisément des sifflements de certaines étudiants qui la reluquaient sans vergogne. Cela ne semblait même pas la perturber, elle y était habituée et puis à cet âge, les hommes se laissaient aller à la décadence en oubliant le sens moral et en se disant que plus tard, le temps réglera leur déboire.
Qu’ils sifflent, les yeux ont été créés pour voir la beauté là où elle se trouve et tant qu’ils ne viennent la souiller de leurs mains poisseuses, elle n’y voyait aucun inconvénient.
La jeune fille s’arrêta devant les grandes portes de la cité universitaire avant de pousser un soupir, il était bien intelligent de partir vers un lieu mais encore fallait – il savoir où chercher exactement.
Shae tiqua légèrement en sentant quelqu’un lui rentrer dedans, décidément il lui était impossible de réfléchir tranquillement.
La jeune fille se tourna lentement afin de plonger son regard turquoise dans les yeux noisette du jeune étudiant, bien embêté de lui être rentré dedans tant il était perdu dans ses pensées.
Il s’inclina en une petite révérence avant de dire :
« Pardonnez-moi j’aurais dû regarder où je marchais.
– C’est moi qui étais perdu dans mes pensées, je cherche la chambre de mon ami Lucien »
Le jeune homme écarquilla les yeux avant de la prendre par la main sans crier garde et la tirer dans les couloirs de la cité, dévalant les escaliers quatre à quatre puis s’enfermant avec elle dans une pièce.
Shae resta contre la porte de la chambre, légèrement essoufflée, son regard plongé dans le sien tandis que lui aussi semblait s’être surestimé et reprenait son souffle. Le jeune homme mit ses bras de chaque côté de sa tête avant de déglutir et déclarer dans un chuchotement :
« Vous savez où il est ? Si je ne le retrouve pas, je crains fort que l’on se doute de quelque chose ici.
– Pardon ? demanda Shae, déchirée entre l’envie de le frapper pour son geste et sa curiosité
– Lucien, répondit – il, vous avez dit être son amie. Je suppose que la tavernière vous a dit que j’étais passé… Super accueil d’ailleurs et pour finir, je n’ai eu rien de plus qu’un… »
Le jeune homme recula brutalement avant d’éternuer et regarder Shae en rougissant. Celle – ci, d’abord surprise, éclata de rire en le voyant réagir avant de s’asseoir sur le lit mal fait et sourit chaleureusement en déclarant :
« Rhume, c’est ça ?
– Je m’inquiète pour mon ami, j’aimerais pouvoir le retrouver… Savez – vous où il est.
– A vrai dire, avoua Shae en soupirant, je pensais trouver la réponse dans sa chambre mais vous m’avez tiré comme un prunier.
– Eh bien, c’est sa chambre, dit le jeune homme en souriant faiblement »
Shae fixa l’étudiant avant d’écarquiller les yeux et balayer la pièce du regard.
La mission lui sembla brutalement plus simple qu’elle ne l’aurait pensé. Elle qui s’attendait presque devoir supplier pour y être, la voilà dans l’antre de sa proie.
Sans dire un mot, elle se leva et se dirigea vers le lit qui n’était pas défait puis vers le bureau du jeune homme.
« Vous croyez qu’il va bien, Milady ?
– Je l’espère…euh…
– Tate, je m’appelle Tate, dit le jeune homme en se grattant la tête en souriant.
– Enchanté, Lynn, déclara – t – elle en tendant sa main en guise de respect »
Le jeune homme regarda la main – de la jeune fille avant de la saisir chaleureusement et la relâcher ensuite pour la laisser vaquer à ses observations.
Le jeune Lucien n’était pas venu en ces lieux depuis maintenant des jours, malgré tous les efforts de Tate pour cacher ce fait, le désordre n’était là que pour dissimuler aux professeurs que son ami avait pris la poudre d’escampette.
Elle s’empressa d’ouvrir un tiroir avant d’en sortir un journal.
Shae tourna les pages une à une, lisant les pensées du disparu en se rendant compte de l’irrégularité de ses mémoires des derniers jours, il ne faisait aucun doute que quelque chose s’était passé.
Sentant un regard insistant au-dessus de son épaule, la jeune fille se tourna avant de sursauter, se reculant un peu tandis que Tate dit en souriant :
« Je ne voulais pas vous effrayer. Je voulais voir ce qui vous tenait tant en haleine.
– Ce n’est rien, j’aurais dû être moins silencieuse. Lucien vous a parlé de son idylle avec Frida, n’est – ce pas ?
– Oui mais quand elle est morte, il a lui aussi disparu. Et je ne sais pas pourquoi
– Dans son journal, Lucien dit qu’un homme a découvert sa relation avec elle et le faisait presque chanter… Comment l’avez – vous appris, vous ? »
Tate sembla brutalement surpris de sa question, affichant un visage décomposé entre l’étonnement et la colère. Dans un mouvement brutal, il frappa un des murs, provoquant un bruit sourd avant de dire :
« Doutez – vous de ma loyauté ?! Lucien et moi sommes amis depuis notre plus tendre enfance, je ne veux qu’une chose : m’assurer qu’il va bien. Vous m’insultez en ayant de tel propos !
– Je vois… »
Shae s’adoucit brutalement avant de sourire :
« Il a de la chance de vous avoir comme ami, pardonnez ma méprise. »
Tate la lâcha lentement avant de reculer et se laisser tomber sur le lit, il semblait faible et épuisé.
La jeune fille s’accroupit à sa hauteur pour venir poser délicatement une main sur son front et ouvrit les yeux en se rendant compte de la fièvre qui le consumait, elle s’enquit de prendre une serviette et courut la poser sur sa tête après l’avoir au préalable humidifié.
Tate sourit faiblement en disant :
« Pardonnez – moi de ne pas vous être plus utile, je vous laisse continuer de regarder… Retrouver mon ami, s’il vous plait.
– Et vous, reposez – vous. »
Tate acquiesça et Shae se remit à fouiller les placards avec frénésie, le temps lui manquait et bientôt elle devrait partir sinon elle serait à court d’excuse pour expliquer sa présence.
Son attention fut captivée par une odeur étrange qui parvenait d’un petit flacon caché sous une pile de lettres.
La jeune fille l’ouvrit sans vraiment lire ce qu’il y avait sur le flacon avant de l’approcher de son nez, inhalant le contenu du flacon.
Le flacon lui glissa des mains pour s’exploser au sol et Shae se laissa tomber à terre, assise à même le sol, le regard vitreux.
Tate, surpris, se leva en ignorant les éclats de verres pour venir la secouer mais rien n’y faisait, elle restait là face à lui, aussi inerte qu’une poupée de porcelaine.
« Milady ! Milady ! »
Ce fut probablement le regroupement des étudiants, oreilles collées contre la porte close, qui attira en premier lieu notre professeur de mathématiques qui se dirigeait lentement mais surement vers la chambre de Lucien.
Les jeunes hommes, pensant assister à une scène torride, n’avaient pu s’empêcher de s’appeler l’un l’autre afin d’écouter Tate avec sa suposée dulcinée.
Il avança lentement avant de tousser, faisant sursauter la totalité des jeunes qui s’écartèrent en faisant une sorte de barrage en bredouillant :
« Professeur ? Que faites – vous là ?
– Moi ? Ce que je fais ici ? Faut – il une raison pour venir éduquer des élèves ? demanda William affichant un sourire faussement calme.
– Ah, non… Eh bien, c’est que… commença à dire un jeune, peu sûr de lui.
– Poussez – vous, immédiatement. »
Sans demander leur reste, ils partirent tous en direction de leur chambre, laissant la porte de Tate sans aucune surveillance.
William resta quelques instants devant, écoutant le silence avant que ne lui parviennent distinctement le bruit provoqué par l’étudiant qui s’agitait à l’intérieur, faisant tomber diverses choses en continuant de bredouiller des choses peu compréhensibles.
Le jeune professeur prit une inspiration avant d’ouvrir la porte de la chambre, entrant à pas feutré tout en regardant Tate s’agiter de gauche à droite à la recherche de serviettes et de vêtements propres.
Le jeune homme ne cessait de parler à voix haute :
« Ça va aller ! Je vais vous changer et vous amener au médecin, tenez bon je vous en prie ! Qu’est – ce que je vais faire ? Qu’est – ce que je vais faire ? »
A regarder la chambre, on aurait pu penser qu’une bagarre avait eu lieu ici : des éclats de verres, de l’eau un peu partout, des serviettes couvertes de sang et un corps sans vie face à un élève complètement paniqué.
William ferma la porte, essayant de rester le plus silencieux possible, en regardant son étudiant courir vers son lit afin de se pencher sur un corps semblant totalement inerte qu’il ne pouvait pas voir tant le jeune homme s’agitait devant.
Il croisa les bras en attendant d’être remarqué mais en vain.
« Milady, je vais vous toucher, d’accord ? »
C’était vraiment une femme, alors ?
Il n’était pas rare que des étudiants les fassent rentrer en douce, beaucoup qu’ils les mettent dans un état d’ébriété total.
Aucun son ne sortit de la bouche de la jeune femme que notre professeur ne pouvait pas voir.
Tate commença ainsi à déboutonner sa chemise avant de la relever un peu pour lui retirer la chemise trempée d’eau, surement un geste désespéré du jeune homme pour la réveiller.
Ce fut sa chevelure singulière partant dans tous les sens qui attira l’œil de notre consultant en priorité. Ses boucles d’un gris spatiale qui tombait en cascade sur sa peau laiteuse dont personne ne connaissait le goût sauf lui.
Le mouvement fut si rapide qu’au contact de la main de William, la tête du jeune homme se tourna vers son professeur, tétanisé.
« Professeur Moriarty, ce n’est pas ce que vous pensez ! Je… elle était là et d’un coup…
– Je n’en ai pas l’air mais, actuellement, je suis au moins cent fois plus en colère que tu ne le penses… »
______________________
Les chapitres semblent s’écrire tout seul en ce moment tant je suis inspirée ahah
Alors vous attendiez vous à pareil chapitre ?
William tirera t il les mêmes conclusions que Shae en voyant la chambre ? Quelle sera sa réelle réaction face à une Shae totalement shooté à l’opium…?
Donnez – moi vos théories, vos avis, vos joies et vos déceptions !
Prochain chapitre demain, oui je suis d’humeurs généreuse
Profitez – en !
xoxo, Elden Who !
0 commentaires